Romans, René Barjavel

Ravage

René Barjavel – Ravage

1re partie : Les temps nouveaux
Au début du 21e siècle, il y a eu les “Trois glorieuses du remplacement”. Trois jours où une ligne suspendue traversant l’Europe et l’Asie a été construite. L’époque de la raison où l’homme a cessé d’aller plus vite pour être raisonnable.
3 juin 2052. François Deschamps, 22 ans, voyage de Marseille à Paris. Il passe dans un bar sans serveur. Une caissière est présente pour la compagnie même si elle n’a plus d’utilité au client. François prend un train vers Lyon-Paris. Il lit un article sur l’empereur noir des pays d’Amérique du Sud qui veut rentrer en guerre contre l’Amérique du Nord. Il lit un article du professeur Portin à propos des soucis électriques au précédent Noël. Il s’essaye à la télé lecture, outil qui envoie le texte à des employés à distance qui le lise ensuite au lecteur.


À cette époque, les hommes portent des vêtements de couleurs vives et les femmes des vêtements ternes.
Plusieurs villes hautes ont été construites à Paris : Radieuse à Haut-Vaugirard, Rouge au bois de Boulogne, Azur au bois de Vincennes et Or à la Butte-Montmartre. La ville d’Or est celle des artistes. L’art est populaire et uniquement les artistes validés par le gouvernement peuvent en faire le commerce.

Radio 300 est une grande radio dirigée par Pierre-Jacques Seita. Son fils, Jérôme, en est le directeur artistique. Il regarde sur l’écran de son bureau la répétition d’un spectacle pour Blanche Rouget, une nouvelle vedette qui a pour nom de scène Regina Vox. Elle arrive dans son bureau après la répétition. Jérôme l’invite à diner, mais elle refuse, car elle doit voir François, son ami d’enfance. Le diner est repoussé au surlendemain. Jérôme demande à sa secrétaire d’enquêter sur ce François.


Blanche rentre dans son appartement vintage. Elle reçoit un appel de François. Ils doivent se voir le lendemain.


À cette époque, les légumes et les viandes sont confectionnés dans les usines. Les restaurants utilisent des blocs de viande de plusieurs tonnes qu’il nomme « La mère ». Les habitants reçoivent le lait par des canalisations. Les villes, à force de s’agrandir, ont fini par se rejoindre. Les campagnes sont abandonnées et la nature reprend son droit. De rares régions cultivent encore la terre pour des vignes et des fruits.

François mange à la brasserie 13 avant de rentrer chez lui. Il pense à Blanche dans son lit.


Les morts sont gardés dans des conservatoires, salle « à vide », situé au milieu des appartements. Cette coutume renforce les familles. Les plus pauvres mettent leurs défunts dans des Conservatoires communs.

Jérôme reçoit les informations à propos de François. Il demande à ce que l’électricité, l’eau et le lait lui soient coupés. Il convoque le directeur de son école de chimie agricole qui s’apprête à le valider et se rend ensuite au Conservatoire.


Blanche reçoit un appel de Jérôme Seita. Il lui demande de venir signer un contrat et de repousser son diner avec François pour le rejoindre. Il annonce qu’il va lui fournir un appartement voisin au sien dans la ville Radieuse. Blanche est heureuse de la nouvelle.


Blanche dit à François qu’elle est malade pour annuler le diner. Elle a signé son contrat le matin et elle a un peu honte de mentir. François est mélancolique et se dit qu’il tombe peut-être amoureux de son ami d’enfance.


Seita emmène Blanche diner en Écosse. Elle est impressionnée par le paysage depuis l’avion et trouve Jérôme poli et attentionné. Il est amoureux d’elle, mais cet amour n’est pas réciproque, mais Blanche a conscience que Jérôme peut lui offrir une vie plus grande que François, l’homme qu’elle préfère.


Tout a été coupé dans l’appartement de François et, pour couronner le tout, il n’a pas été validé à son école. Il est persuadé d’être floué. Il apprend que Blanche va se fiancer à Jérôme. François espère qu’elle restera elle-même. Il est décidé à trouver celui qui s’acharne sur lui et à stopper le mariage à tout prix. Jérôme lit toutes les lettres que François et Blanche s’envoient.

2e partie : La chute des villes
François va chez son ami Legrand. Il observe la circulation incessante depuis l’appartement. À la télévision, S. M. Robinson, l’empereur noir, annonce avoir lancé des torpilles pour détruire l’Amérique du Nord blanche au nom du « Dieu Retrouvé ». À l’instant où le gala de Regina Vox démarre, l’appartement est plongé dans le noir. La ville est coupée de toute énergie. François et Legrand descendent dans la rue. Des avions s’écrasent sur les maisons et sur la route. Les métros souterrains se sont arrêtés. La population se marche dessus et des malheureux sont brulés dans la panique. Jérôme rentre chez lui et pense à Blanche.


Jérôme, depuis le 96e étage de la ville Radieuse, se prépare à lancer le gala de Regina. Une coupure de courant plonge le public dans le noir complet. Les vêtements magnétiques de certains habitants, faute d’énergie, se déboutonnent seuls. Jérôme est soulagé de voir que la crise ne se limite pas qu’à Radio-300. La foule paniquée fuit par les escaliers. Au milieu du chaos, un homme en jette un autre par-dessus la rambarde. La foule se perd par mégarde dans les sous-sols. Un vieux ministre s’égare dans les Conservatoires Communs. Les cadavres de ces salles, faute d’énergie, se réchauffent.


Seita promet à ses troupes que tout va revenir à la normale et les invite à ne pas quitter l’étage. Il propose à Blanche de se reposer chez lui. Cette dernière se dit que sa carrière est terminée.


François se rend au pied de la ville Radieuse pour rejoindre Radio 300.


Le gouvernement se rassemble sous la coupe de son chef, Tapinier. Le ministre de la guerre, Morblanc, annonce que toutes les armes explosent d’elle-même, peu importe leur âge. Heureusement, des baïonnettes ont été produites dans tout le pays. Les usines sont stoppées fautes d’énergies et les chaudières explosent. L’accès aux ressources financières est impossible, les coffres-forts étant condamnés faute d’électricité pour les ouvrir.


Une foule se rassemble sur une charrette qui transporte Paul Portin, le vieux président de l’académie des sciences. Il dit ne pas savoir pourquoi l’électricité a disparu. Un mouvement de foule renverse la charrette.


François grimpe les escaliers en direction de la radio. Il se protège avec une canne des gens déboussolés qui descendent ces mêmes escaliers. Il monte vingt-cinq étages en vingt minutes.


Jérôme se réveille dans son appartement. L’eau est coupée. Lui et Blanche se nettoient comme ils peuvent. Tous les avions de son garage sont en panne. Gaston, son chauffeur, essaye en vain d’en réparer un. Des bus aériens et autres véhicules se sont écrasés sur la structure solide de la ville radieuse. Blanche tombe malade. Les appartements, faute d’air conditionné, montent en température. Jérôme décide de rejoindre le professeur Leroy, responsable de la pilule polyvalente, au 58e étage.


François croise Jérôme dans l’escalier et l’oblige à remonter jusqu’à l’appartement. François utilise un fauteuil et des draps comme brancard pour descendre Blanche. Dans les escaliers, le fauteuil est à deux doigts de pulvériser François après une mauvaise chute. Jérôme, exténué, est sur le point de sombrer. François prend Blanche sur son dos et ils descendent jusqu’au jardin dans l’espoir de trouver la charrette et le cheval du jardinier.


La maison du jardinier est sur un pédoncule dans le jardin. L’homme part avec sa charrette et refuse de les aider. Seita essaye de le stopper, mais se fait écraser. François renverse le jardinier de la charrette et l’assomme. Jérôme est mort. François ne s’encombre pas de l’argent qu’il avait sur lui. Il retire la bague de fiançailles de Blanche avant de la déposer dans la charrette. Il part en direction de Montparnasse.


François arrive à son appartement avec Blanche. Un voisin, le docteur Fauque, l’ausculte. À première vue, toutes les femmes vierges tombent malades. Il confie Blanche à sa concierge, Mme Vélin. La garde nationale sur des chevaux annonce que de l’eau va être distribuée et que tout pilleur sera exécuté. La police sur des vélos essaye de maintenir l’ordre. La panique mène aux pillages violents des débits de boissons.


Blanche se réveille. François lui raconte tout, à l’exception de la mort de Seita. Les journées sont de plus en plus chaudes. François construit un alambic pour filtrer de l’eau pour son cheval. Blanche va mieux. Elle apprend pour Seita et sa bague. La nuit, elle essaye d’éponger le front de François, mais s’écroule.


Un vent violent souffle. Le mégot d’un homme de la garde nationale incendie une voiture. Il périt dans les flammes qui s’étendent sur Paris jusqu’à la Concorde. Les habitants essayent d’éteindre les flammes à l’aide d’une chaine humaine et de seaux, sans succès.


François retrouve un ouvrier pendant l’incendie, Pierre Durillot, qu’il a aidé par le passé avec ses peintures. La femme de Pierre est enceinte. Les deux hommes unissent leurs forces. Pierre part à la recherche d’une liste d’objets que lui fournit François. Ils se servent de l’alambic pour produire de l’eau potable. François prévoit de tuer le cheval, trop encombrant, pour le manger. Ils ont besoin de vélos.


Le vent fait rage par intermittence. L’incendie emporte la moitié de Paris et coupe la ville en deux. La Ville d’Or s’écroule. Le vieux prêtre Boisselier veut faire une messe du haut de la Tour Eiffel. Les fidèles se rassemblent sur le champ de Mars et partout ailleurs. Boisselier meurt en grimpant les marches. L’explosion d’une caserne tue plusieurs fidèles. Horrifié, un prêtre dans la tour s’offre à Satan et se jette dans le vide.


Pierre et François vont à l’usine de nourriture de nuit. Les gardes bloquent l’entrée, bien que tout a déjà été pillé. Pierre, employé de l’usine, connait l’emplacement d’une réserve cachée. François s’extasie devant les machines qui, à part d’un même grain, produisent un épi, des cigares et des chaussettes. Pierre assomme un garde à contrecœur. Ils atteignent une réserve de Soja.


Fortuné Pivain, le maire du 15e arrondissement, prend le pouvoir de la rive gauche, soutenu par le colonel Gauthier après l’hypothétique disparition du gouvernement suite à l’incendie de la rive droite. Des bandes de pillards s’organisent et la loi du plus fort supplante celle de la justice. La putréfaction des cadavres stockés dans les Conservatoires des appartements pour les riches à quitter leurs quartiers. Un champignon phosphorescent apparait sur les cadavres des Conservatoires Communs.


François monte un groupe pour s’assurer leurs survies. Il recrute Narcisse, un sculpteur, le docteur Fauque et sa fille Colette, Bernard Teste, un étudiant. Georges Pélisson, un ancien cycliste propriétaire d’un magasin de vélos et André Martin, le neveu de Mme Vélin. François s’assure d’armer ses troupes. Ils récupèrent un four à pain dans l’usine. Deux membres du groupe croisent des inconnus à vélo qui pillent une famille, tuant la mère et son fils. L’un des inconnus est un ancien tailleur.


Le docteur fait une piqure contre le choléra à tout le groupe. François et son groupe décident de chasser la bande du tailleur. Ils repèrent leur base dans une boucherie. Après le départ de certains de leurs membres, François et ses amis attaquent la boucherie. Ils éliminent le reste du groupe à leur retour un à un. Narcisse, le sculpteur avec François, suggère de ne laisser aucun survivant. François demande à Martin, le plus jeune, de se charger du sale boulot. Martin s’endurcit de cette mission.


Paris est noyé sous les morts, les malades et les affamés. L’eau de la Seine est croupie par les cadavres des Conservatoires. François projette d’emmener son groupe hors de la ville en empruntant des routes secondaires à l’aide de vieilles cartes. Les femmes tireront les charriots pendant que les hommes tiendront la garde. Ils abandonnent Mme Vélin en ville, trop affaiblie pour pouvoir les suivre.


Il faut deux semaines au groupe pour quitter la ville en se frayant un chemin sur les routes pleines de débris. Le jeune Martin passe devant une maison pleine de vie au milieu des usines. C’est la maison des filles de l’Amiral. Des gens affamés l’attaquent lorsque Martin s’éloigne.
Le groupe se fait attaquer et Pélisson meurt. François recrute les survivants du groupe adverse. Fillon, un ouvrier imprimeur, Debecker, un cordonnier, et Léger, un avocat. Des gardes nationaux les rejoignent sur la route. Après les piqures contre le choléra, Debecker et un garde meurent.
Le groupe passe devant un institut qui soigne tous les maux à l’aide d’impulsions électriques, technique mise en place par un certain Dépiqueur. En 2026, le gouvernement imposa le traitement à toute personne en dépression. Ils découvrent dans l’institut une porte blindée ou des patients ont été traités aux rayons Oslo, une nouvelle technique. Cette méthode a permis à des patients de matérialiser leurs fixations. Un homme se prenant pour Jeanne d’Arc à bruler. Un autre se prenant pour Hercules est devenu surhumain. Tous sont morts, sauf celui se prenant pour Jésus et un autre pour la mort.
L’homme qui se prend pour Jésus est retrouvé mort dans sa cellule, mais ressuscite. Il fait apparaitre une lumière divine et a les stigmates du messie. Le docteur ouvre la cellule de celui qui se prend pour la mort et meurt sur le coup. François emporte le cadavre du docteur pour qu’il soit ressuscité par Jésus. Le messie se décompose, emporté par sa propre énergie.


La caravane quitte le périmètre des villes et des cadavres. L’avocat s’exclame à la vue d’un champ de blé, une première pour lui. Ils chassent des poules qu’ils cuisinent par erreur sans les déplumer ni les vider. François et Blanche s’éloignent pour poser des pièges.

3e partie : Le chemin de cendres
François regarde une dernière fois Paris. La ville entière est en feu à cause d’un soleil bien trop chaud. Blanche aime de plus en plus François, mais ce dernier est plus distant. En pleine nuit, le campement se retrouve encerclé par les flammes. François tue le garde national qui s’était endormi pendant sa ronde. La panique monte, mais François garde les rennes et pousse le groupe à construire un radeau. Léger, l’avocat, meurt frappé par un cheval. Le groupe descend une rivière pour sa survie. Le monde n’est plus qu’un vaste incendie recouvert de cendre.


Le courant emporte le radeau qui se bloque à dix mètres de profondeur dans une crevasse. François sauve ce qu’il peut à l’aide d’une corde improvisée. Martin, le boulanger, meurt, écrasé par un tronc qui tombe dans la crevasse. Le groupe se sert de leurs propres sous-vêtements pour transporter les vivres restants. Ils se protègent comme ils peuvent de la poussière de cendre et atteignent une forêt morte.


Le groupe est recouvert de crasse avec des cendres jusqu’aux genoux et dans la bouche. Ils mangent crus deux des chevaux décédés. Malgré la régurgitation, ils s’y reprennent. Ils atteignent un ruisseau asséché.


François utilise du jus de conserve pour étancher légèrement la soif du groupe. Il envoie Pierre avec un cheval en éclaireur pour trouver de l’eau. Il choisit Pierre de par la présence de sa femme enceinte dans le groupe qui l’obligera à revenir. Le groupe se fait attaquer par des chauvesouris. François est pris d’une fièvre, mais lutte et tue le dernier cheval pour que les chauvesouris se jettent sur son cadavre. Colette s’écroule et abandonne. Bernard Teste achève Colette avec un couteau et se suicide.


Pierre trouve un cours d’eau et un petit ilot d’herbe qui a survécu à l’incendie. Il retourne au groupe. Il se trouve qu’il n’y a pas eu de chauvesouris. La crise collective était imaginaire bien que les morts soient bien réels. Colette, Teste, un garde et Fillon. François a des douleurs partout à cause de sa peau brulée par le soleil.


Le groupe se repose dans la maison sur l’ilot pendant quatre jours. Ils cuisent la viande d’un cheval mort lors de l’attaque imaginaire. Une tempête de débris et de cendres les surprend sur la route. Ils sont obligés de s’arrêter pour se couvrir. Un garde cherche le cours d’eau qui n’est plus qu’un épais ciment. Il meurt étouffé par la tempête.


Le groupe continue son avancée. Un garde et le dernier cheval décèdent. L’eau du ruisseau se cache sous une épaisse couche de boue et de cendre. Sur l’autre versant, ils trouvent des cadavres calcinés.


Le groupe arrive dans une ville de cendre. Au bas d’un pont, ils découvrent des survivants décharnés qui se nourrissent de cadavre avec leurs dernières forces. Le groupe est déterminé à survivre et continue sa lente progression.


Un avion plein de graine pour l’Afrique s’est écrasé dans une vallée lorsque tout s’est arrêté. La chaleur a permis aux germes de prendre. Le groupe atteint la végétation et ses fleurs plus grandes que la normale. La femme de Pierre accouche. Un couple de vieux paysans de 80 ans entend les cris de l’accouchement. Le couple rejoint le groupe, mais dit ne rien savoir de la catastrophe dont ils ont réchappé.


Le groupe continue sa route et croise des exploitations protégées par des gardes qui les invitent à s’éloigner. Certains les aident en vivre et nourriture. Le bébé se nomme Victor-Pierre. Le groupe arrive finalement à Vaux et François retrouve sa mère dans la maison de ses parents.


Sa mère et d’autres femmes sont les seules survivantes du feu et du choléra. François organise les défenses de la ferme. La pluie finit par tomber à la grande joie de tous. François est nommé chef des villages alentour. À l’aide des chefs de toute la vallée, ils éliminent les pilleurs. François est nommé chef de la vallée.

4e partie : Le patriarche
François à 129 ans est le patriarche. Blanche a vécu longtemps et a eu 17 enfants. François a mis en place l’état nouveau. Les lois autorisent la polygamie pour favoriser la procréation. L’alcool est limité au vin et l’eau est à présent un bien précieux. La majorité des livres sont brulés pour que les hommes se concentrent sur l’essentiel. François a eu 7 femmes et 228 (et oui…) enfants. Il a eu une seule fille. Cette dernière va se marier avec son successeur.


François reçoit les chefs des villages pour l’intronisation de Paul, son protégé. L’un des chefs arrive dans une grosse machine à vapeur qui effraie tout le monde. François rappelle que le mal des machines commence par cela. François veut détruire la machine et tuer le chef, Denis, qui se défend et tue François d’un coup de bâton. La machine est projetée dans une descente jusqu’à s’écraser.